Harmonisation de la couverture des anticancéreux au Canada
PDF - 1,30 Mo
La détermination des médicaments à couvrir est essentielle à l’élaboration d’un régime national d’assurance-médicaments au Canada. Cette étude examine la couverture actuelle des anticancéreux dans l’ensemble des régimes publics d’assurance-médicaments provinciaux.
L’analyse porte sur 85 médicaments évalués dans le cadre du Processus conjoint intérimaire d’évaluation des médicaments oncologiques (interim Joint Oncology Drug Review ou iJODR) et du Programme pancanadien d’évaluation des anticancéreux (PPEA), sur une période allant du 1er mars 2007 au 30 juin 2018. L’analyse a permis d’établir le pourcentage de médicaments couverts par les régimes provinciaux d’assurance-médicaments dans chacune des provinces participant au PPEA, ainsi que par les régimes publics au Québec et les régimes privés dans l’ensemble du Canada, en date du 31 décembre 2018. Des taux pondérés de couverture, fondés sur les ventes nationales au détail et aux hôpitaux en 2018, ont été établis pour déterminer l’importance relative des médicaments couverts.
Cette analyse préliminaire servira de base à une étude plus approfondie sur les anticancéreux qui sera publiée dans la série de recherches du CEPMB intitulée Concordance des listes de médicaments des régimes publics au Canada.
1. Les anticancéreux sont traités de façon assez uniforme dans les régimes publics de médicaments au Canada
En moyenne, les régimes publics canadiens d’assurance-médicaments couvraient 73 % des 85 anticancéreux évalués par l’iJODR et le PPEA, ce qui représente 96 % des ventes totales au détail et aux hôpitaux pour ces traitements en 2018. Parmi les médicaments choisis, la majorité était couverte par un ou plusieurs régimes privés d’assurance-médicaments au Canada. Ces résultats sont similaires à ceux rapportés dans une analyse précédente du CEPMB des taux de couverture oncologique en 2015Note de bas de page 1.
La Colombie-Britannique présentait le taux le plus élevé d’inscription au formulaire (85 %), les médicaments inscrits représentant 98 % des ventes connexes. La Saskatchewan, l’Ontario et le Manitoba suivaient de près, avec des taux d’inscription se situant entre 81 % et 82 %. Même si les taux de couverture dans les provinces de l’Atlantique étaient inférieurs à la moyenne, les taux d’inscription pondérés étaient comparables à ceux des autres provinces, ce qui porte à croire que les provinces de l’Atlantique couvrent les médicaments les plus vendus.
Figure description
Ce diagramme à barres montre le pourcentage de médicaments oncologiques d’intérêt qui sont couverts par les régimes provinciaux d’assurance‑médicaments dans chacune des provinces participant au Programme pancanadien d’évaluation des anticancéreux, ainsi que par les régimes publics au Québec et les régimes privés dans l’ensemble du Canada, en date de décembre 2018. Il indique également le taux d’inscription moyen pour l’ensemble des régimes publics. L’analyse porte sur les médicaments examinés par le Processus conjoint intérimaire d’évaluation des médicaments oncologiques et le Programme pancanadien d’évaluation des anticancéreux du 1er janvier 2007 au 30 juin 2018. Les taux d’inscription pondérés sont fondés sur les données tirées de la base de données de vérification des achats des hôpitaux et des pharmacies du Canada d’IQVIA.
|
Taux d’inscription |
Taux d’inscription en fonction des ventes |
Colombie-Britannique |
85 % |
98 % |
Alberta |
76 % |
98 % |
Saskatchewan |
82 % |
98 % |
Manitoba |
81 % |
98 % |
Ontario |
82 % |
98 % |
Québec |
78 % |
98 % |
Nouveau-Brunswick |
72 % |
94 % |
Nouvelle-Écosse |
69 % |
97 % |
Île-du-Prince-Édouard |
45 % |
96 % |
Terre-Neuve-et-Labrador |
59 % |
85 % |
Moyenne pour tous les régimes publics |
73 % |
96 % |
Régimes privés |
89 % |
100 % |
Nota : Comprend les médicaments évalués dans le cadre de l’iJODR et du PPEA, du 1er mars 2007 au 30 juin 2018. Les taux d’inscription pondérés sont fondés sur les données saisies par la base de données de vérification des achats des hôpitaux et des pharmacies du Canada d’IQVIA.
2. Les programmes publics d’assurance-médicaments couvrent la majorité des anticancéreux les plus vendus
Plus des trois quarts des anticancéreux sélectionnés étaient couverts dans six provinces ou plus en 2018, ce qui représente 88 % des ventes nationales au détail et aux hôpitaux associées à ces médicaments.
Un faible pourcentage était inscrit dans moins de six provinces (9 %) ou n’était inscrit dans aucun formulaire public (11 %). Ces médicaments combinés ne représentaient que 12 % du total des ventes nationales. La plupart des médicaments dans la catégorie « non inscrits » avaient reçu une recommandation positive du PPEA et faisaient l’objet de négociation ou d’examen par les provinces durant la période d’étude.
Figure description
Cette figure se compose de deux diagrammes en anneau. Le diagramme de gauche présente le pourcentage de médicaments oncologiques d’intérêt qui sont couverts dans toutes les provinces; dans six à neuf provinces; dans moins de six provinces; et ceux qui ne sont couverts dans aucune des provinces. Le diagramme de droite montre la part correspondante des ventes nationales pour ces catégories de médicaments.
|
Part des médicaments |
Part des ventes nationales |
Médicaments couverts dans toutes les provinces |
34 % |
63 % |
Médicaments couverts dans 6 à 9 provinces |
46 % |
25 % |
Médicaments couverts dans moins de 6 provinces |
9 % |
11 % |
Médicaments non couverts |
11 % |
1 % |
3. Taux relativement élevé de concordance interprovinciale de la couverture des anticancéreux
Lorsque les provinces ont été comparées à l’aide d’une approche bilatérale, le taux de concordance bilatéral moyen était de 90 % dans toutes les provinces, les taux variant de 74 % à 99 %. Le taux moyen de concordance est passé à 95 % lorsque les ventes de ces médicaments ont été prises en compte, avec une fourchette de 84 % à 100 % entre deux provinces. Dans l’ensemble, les résultats indiquent de faibles variations dans les taux de concordance bilatéraux pondérés et non pondérés.
Taux de concordance interprovinciale de couverture de certains anticancéreux, 2018
|
Moyenne |
Médiane |
Minimum |
Maximum |
Écart-type |
Taux de concordance (n = 85 médicaments) |
90 % |
91 % |
74 % |
99 % |
5 % |
Taux de concordance pondéré selon les ventes |
95 % |
97 % |
84 % |
100 % |
5 % |
Nota : Pour les 10 provinces analysées, 45 comparaisons bilatérales ont été étudiées, les décisions « positives-positives » et « négatives-négatives » figurant au formulaire étant considérées comme des « concordances ».
4. Les provinces où les taux d’inscription aux programmes publics d’assurance-médicaments sont plus élevés dépensent généralement moins par habitant pour les anticancéreux
Au Canada, il existe plusieurs options de financement public pour les anticancéreux, notamment les budgets des hôpitaux, les régimes d’assurance-médicaments provinciaux et/ou les organismes provinciaux de lutte contre le cancer, ainsi que le financement par l’entremise des régimes privés d’assurance-médicaments. Lorsque l’on tient compte du total des ventes publiques et privées de certains anticancéreux, la plupart des provinces dont les taux de couverture dans les régimes publics de médicaments sont plus élevés enregistrent des ventes inférieures par tranche de 100 000 habitants par rapport à la moyenne nationale (6,9 millions de dollars). Le Manitoba et la Saskatchewan, qui affichaient certains des taux d’inscription les plus élevés, ont dépensé le moins pour certains anticancéreux, tandis que le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador comptaient parmi les provinces avec les ventes par habitant les plus élevées. De nombreux facteurs qui n’entrent pas dans la portée de la présente étude peuvent contribuer à ces résultats, et une analyse plus exhaustive est nécessaire avant de tirer des conclusions définitives.
Figure description
Cette carte choroplèthe du Canada montre les ventes provinciales pour 100 000 habitants de médicaments oncologiques d’intérêt par province. Les provinces dont les ventes sont les plus élevées paraissent en bleu foncé.
Province |
Ventes pour 100 000 habitants |
Colombie-Britannique |
7 à 8 millions de $ |
Alberta |
5 à 6 millions de $ |
Saskatchewan |
5 à 6 millions de $ |
Manitoba |
5 à 6 millions de $ |
Ontario |
6 à 7 millions de $ |
Québec |
7 à 8 millions de $ |
Nouveau-Brunswick |
9 à 10 millions de $ |
Nouvelle-Écosse |
6 à 7 millions de $ |
Île-du-Prince-Édouard |
7 à 8 millions de $ |
Terre-Neuve-et-Labrador |
7 à 8 millions de $ |
Nota : Les résultats comprennent les ventes publiques et privées (y compris en espèces).
Population par province selon les estimations de la population de Statistique Canada pour 2017.
Source de données
État de la couverture : Données accessibles au public, y compris les sites Web du PPEA et d’INESSS; base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments d’IQVIA.
Ventes : Nationales — base de données de vérification des achats des hôpitaux et des pharmacies du Canada d’IQVIA; base de données MIDASMC d’IQVIA (tous droits réservés); Privées — base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments d’IQVIA.
Limites
Les écarts dans la couverture des médicaments d’un régime public à l’autre peuvent s’expliquer par des différences au chapitre de la conception des régimes et des profils démographiques et pathologiques des populations de bénéficiaires admissibles.
La pondération selon les ventes est fondée sur les ventes nationales globales au détail et aux hôpitaux. Ainsi, les médicaments qui ne sont généralement pas remboursés, ou qui sont remboursés par des petits régimes, peuvent être associés à des ventes faibles et ils ont donc un poids inférieur dans les résultats globaux.
Les données sur les ventes de certains des médicaments choisis ne sont pas disponibles dans la base de données de vérification des achats des hôpitaux et des pharmacies du Canada d’IQVIA; cela pourrait avoir une légère incidence sur certains des résultats.
Avis de non-responsabilité
Bien que ces renseignements soient fondés en partie sur les données obtenues avec l’autorisation de la base de données de vérification des achats des hôpitaux et des pharmacies du Canada d’IQVIA, la base de données MIDASMC d’IQVIA et les bases de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments, les énoncés, les résultats, les conclusions, les points de vue et les opinions présentés dans cette étude sont exclusivement ceux du CEPMB et ne sont pas imputables à l’IQVIA.